INTOXICATION CHEZ LES CHIEN PORTEURS DE MUTATION MDR1
En fonction des connaissances actuelles, certains médicaments sont formellement interdits, et d’autres restent à utiliser avec prudence chez les chiens des races listées, animaux homozygotes, hétérozygotes ou non testés.
Médicaments interdits : Ivermectine, Doramectine, Abamectine, Emodepside, Moxidectine (antiparasitaires), Lopéramide (antidiarrheique).
Médicaments à éviter : Milbemycine, Ciclosporine (immunosuppresseur), Métoclopramide (anti-vomitif), Métronidazole (antibiotique et antiparasitaire), Acépromazine (tranquillisant) Spinosad (antipuce), Digoxine (cardiotonique), certains dérivés morphiniques (antalgiques) vincristine (cancérologie) , Cimétidine, Ranitidine, Domperidone, …
Les médicaments à éviter ou interdits s'accumulent dans le cerveau de l'animal et expriment leur neurotoxicité potentielle.
Pour l’ivermectine, les premiers symptômes apparaissent dans un délai de quelques minutes à quelques heures. Les réactions peuvent être très diverses : signes nerveux avec prostration, pertes d’équilibre et chutes, perte partielle des capacités motrices ou paralysie, des convulsions ; des signes digestifs avec des nausées, de l’hypersalivation, des vomissements ; avec évolution vers une faiblesse extrême, la pâleur, la dilatation des pupilles, le coma, voire la mort.
Les généticiens estiment qu'une mutation d’un gène appelé MDR1 (ABCB1 selon la nouvelle nomenclature 2016) se serait produite vers le 18ème siècle chez certaines races de chiens de bergers. Ce n’est qu’avec l’utilisation de nouveaux médicaments et l’apparition d'effets nocifs imprévus sur quelques chiens que les conséquences de cette mutation ont pu être observées et comprises.
Onze races de chiens sont actuellement concernées. Il s’agit :
Le gène MDR1, abréviation de multi Drug Resistance, est responsable de la synthèse d’une protéine, qui est fortement présente dans la paroi des vaisseaux sanguins cérébraux. Cette protéine, appelée P-gp, est un transporteur membranaire essentiel qui est impliqué dans le rejet de substances nocives.
Cette molécule protège l’intégrité du système nerveux central en régulant la pénétration de nombreux médicaments dans le cerveau. Elle agit aussi au niveau du tube digestif en modifiant l’absorption de ces substances, ainsi qu’au niveau rénal et hépatique favorisant leur élimination.
Les chiens qui sont homozygotes pour la mutation génétique MDR1, qui ont donc la mutation sur leur deux chromosomes porteurs du gène, montrent rapidement les effets d’une intoxication aux médicaments qui interagissent avec la protéine P-gp. Ils présentent des signes d'intoxication médicamenteuse à des dosages qui ne causent pas de réaction indésirable chez les chiens normaux. Les chiens hétérozygotes, qui n’ont la mutation que sur un seul de leurs chromosomes sont aussi concernés mais dans une moindre mesure et à des doses de médicaments plus importantes.
Un prélèvement buccal ou sanguin permet au propriétaire de déterminer le profil MDR1 de son animal. Le résultat du test génétique est connu une quinzaine de jours plus tard.
Ce statut devra être communiqué au vétérinaire chaque fois qu’il y aura traitement de son animal notamment antiparasitaire.
Il existe des antidotes pour la plupart de ces intoxications médicamenteuses.